Mirabeau, né en 1749, évolue dans une France en crise, marquée par des tensions sociales et politiques croissantes. La monarchie absolue vacille face aux aspirations de réformes portées par la montée des Lumières. C'est dans ce cadre que Mirabeau commence à écrire, d'abord pour dénoncer les injustices, puis pour proposer des solutions adaptées aux défis de son époque. Son expérience personnelle, marquée par des emprisonnements et des conflits familiaux, nourrit son approche souvent virulente et pragmatique.
Parmi ses premiers écrits, on trouve des pamphlets où il critique les abus des institutions royales et la noblesse. L'un de ses travaux les plus connus de cette période, Des lettres de cachet et des prisons d'État, dénonce avec vigueur l'arbitraire des arrestations ordonnées par le roi. Ce texte, largement diffusé, illustre son talent pour mobiliser l'opinion publique contre les excès du pouvoir monarchique.
Mirabeau utilise activement la presse pour diffuser ses idées. Ses contributions régulières à des journaux et brochures lui permettent d'interagir avec un large public. Ces écrits, souvent signés ou attribués à lui, révèlent une stratégie visant à influencer les débats publics sur les questions essentielles de son temps, comme la réforme fiscale et la limitation des privilèges.
Dans le domaine économique, Mirabeau s'inspire des physiocrates, en particulier François Quesnay. Il adopte leur théorie selon laquelle l'agriculture constitue la base de toute richesse et prône une économie libérée des entraves administratives. Bien qu'il ne soit pas un théoricien original, il traduit et adapte ces idées dans un style accessible pour sensibiliser les décideurs.
Son ouvrage intitulé De la monarchie prussienne sous Frédéric le Grand ne se limite pas à une analyse historique. Mirabeau y développe des réflexions sur la gestion des finances publiques et la nécessité d'une administration efficace. Ce texte combine observation et recommandation, reflétant son ambition de relier théorie économique et application pratique.
Il s'engage également en faveur du libre-échange, estimant qu'une économie ouverte favoriserait la prospérité. Ses écrits sur ce sujet, souvent adressés à l'Assemblée nationale constituante, insistent sur l'importance de réduire les barrières commerciales et d'encourager les échanges entre les régions et les nations.
Sur le plan politique, Mirabeau milite pour un équilibre entre monarchie et représentation populaire. Convaincu que la Révolution doit éviter les excès, il adopte une posture modérée visant à concilier les différentes forces en présence.
Bien qu'il soit principalement connu pour ses interventions orales, plusieurs de ses discours ont été publiés. Ces textes témoignent de sa capacité à formuler des compromis. Par exemple, son plaidoyer pour le veto suspensif du roi reflète son souci de préserver une forme d'autorité monarchique tout en renforçant les droits des représentants élus.
Ses mémoires, souvent rédigés pour influencer les décideurs, dévoilent une facette plus stratégique de sa pensée. Il y propose des solutions concrètes à des problèmes politiques complexes, comme l'organisation de l'administration ou la répartition des impôts. Sa correspondance privée, riche et détaillée, complète ces écrits en offrant un regard intime sur ses motivations et ses alliances.